ART : MARK ROTHKO A LA FONNDATION VUITTON                                                          

ART : MARK ROTHKO A LA FONNDATION VUITTON                                                          

LES COUPS DE CŒUR DE LYDIE LEA

 

Quelles que soient les expositions proposées, se rendre à la Fondation Vuitton, c’est déjà jouissif en soi, tellement la conception de ce bâtiment est à nulle autre pareille ! Et, pénétrer dans ce « Navire Culturel », c’est partir à la découverte d’œuvres diverses et variées, que nous y soyons particulièrement sensibles ou pas. En ce moment, Rothko est à l’honneur et ça n’est pas pour nous déplaire. De son parcours figuratif à son aboutissement vers l’abstraction, nous avons là l’occasion de nous imprégner d’une œuvre immense qui nous emporte dans ce tourbillon vertigineux que procure le talent.

Comme de nombreux artistes peintres, Rothko a commencé une œuvre figurative dès 1930, peignant, dans des petits et moyens formats, des scènes de la vie courante (déjà avec quelques discrets aplats de couleurs), des paysages, des portraits, reflets d’une approche tragique de la condition humaine, qu’il prolonge en s’attaquant aux créatures mythologiques.                                                                                                      

Petit à petit, il entre dans une période d’expressionnisme abstrait. Dès 1946, la peinture de Rothko devient multiformes, avec une palette de couleurs d’une profondeur indéfinissable, le rouge, le jaune, l’ocre se juxtaposent à l’envie.                                           

Un peu plus tard, ses toiles grand format présentent des rectangles aux contours flous, en bandes horizontales de 2, 3 ou 4 couleurs, plongeant le spectateur dans un état méditatif voire hypnotique.                                   Rothko a écrit : « Je voulais devenir peintre car je voulais élever la peinture pour qu’elle soit aussi poignante que la musique et la poésie». Je ne sais si la peinture de Rothko est poignante pour certains, mais ce qui est évident, c’est qu’elle est vibrante, parce qu’elle nous interroge, captant notre regard comme une sorte d’envoûtement, aux confins de notre inconscient.  La force de sa peinture, due aux différentes couches d’ingrédients que l’artiste appliquait, donne de la transparence à la matière et nous amène à penser que derrière ses œuvres immenses se cache un alchimiste, un cherchant émouvant, qui se voulait mystérieux. « L’artiste planquait ses préparations et ses pinceaux, pour préserver ses secrets de fabrication ». A-t-on dit.Vers les années soixante, la palette de l’artiste s’assombrit, des gris, des noirs, des blancs apparaissent dans ses œuvres, est-ce le prélude à une dépression quelques années plus tard ?…

Quoiqu’il en soit, l’œuvre de Mark Rothko est immense et complexe. Artiste peintre, mais aussi intellectuel, il s’est intéressé à Platon et à Nietzche; se référant à eux, notamment dans son manuscrit « La Réalité de l’Artiste », commencé en 1940 et inachevé. Exhumé en 1988, bien après sa mort, le livre est paru en France en 2004, préfacé par son fils Christopher Rothko et traduit par Pierre-Emmanuel Dauzat. Une nouvelle édition est parue en avril 2015 aux éditions Flammarion. Pour appréhender au mieux l’œuvre de cet artiste incontournable, quelque peu mystique, il est conseillé de lire cet ouvrage sur l’Art, où Rothko, en érudit, fait office d’Historien de l’Art et se livre à cœur ouvert… Déclarant, « qu’il revenait à l’artiste, d’embrasser tout le drame humain ». Et, dans cet esprit, cette envolée…  « La peinture n’est pas coupée du monde de la Réalité, elle contient le monde ».                                                                                                                                         Pour mémoire, on ne peut s’empêcher de considérer que l’œuvre de Rothko est le prolongement de celle de Mondrian. C’est en cela qu’on a pu dire qu’ils étaient des pionniers majeurs de l’art abstrait. En 2015, Rothko a eu les honneurs d’une grande exposition au Pays-Bas (lieu de naissance de Mondrian), précisément au Gemeentemuseum de La Haye (dénommé à l’époque théâtre municipal).  Deux tempéraments différents, semble-t-il, mais complémentaires. Toutefois liés par une dimension spirituelle dans leurs créations.    Et, pour l’heure, il est impératif d’aller voir cette immense rétrospective de l’œuvre de Rothko, artiste inspiré et inspirant qui nous conseillait, en quelque sorte, de nous perdre en regardant ses œuvres. « Le spectateur doit se déplacer avec les formes de l’artiste au-dedans et au-dehors, au-dessous et au-dessus, en diagonale et à l’horizontale ; il doit dessiner une courbe autour de sphères, traverser des tunnels, descendre des plans inclinés, parfois accomplir des prouesses aériennes pour voler de point en point, attiré à travers l’espace par quelque aimant irrésistible ». écrivait-il.

Alors, bonne visite et soyez aimanté.es à la Fondation Vuitton !

  Lydie Léa CHAIZE   

  La Fondation Vuitton, 8 avenue du Mahatma Gandhi, Bois de Boulogne, 75116 Paris.

Réservations : www.fondationlouisvuitton.fr /

Informations : 01 40 69 96 00

L’exposition se poursuit jusqu’au 2 avril 2024                                                                        

                 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *